Première étape

5 juin au 18 juin 2013

De Bordeaux à Salon de Provence

 

En 3 jours je suis à Toulouse par le chemin de halage qui longe le canal latéral à la Garonne. C'est calme, verdoyant avec une belle lumière....et idéal pour se "mettre en jambes". Halte à Moissac au gîte des Compostelliens dans l'ancien carmel. Le troisième jour le genou grince, manque d'huile...c'est le rôdage ! Le week end je reste à Toulouse me refaire une santé articulaire et prendre des forces au cassoulet et tursan !!

Lundi 10 juin je renfourche mon VTC sous la pluie. Je suis sur le chemin de halage du canal du midi, à l'ombre des platanes (ils ne sont pas tous morts). Carcasonne, Homps, Le Sommail, Vias, Agde puis Marseillan la fin du canal sur l'étang du Thau...que des belles étapes sur le bord du canal. Pour la nuit, je trouve facilement une chambre dans un couvent au pied des remparts de Carcassonne ou une chambre chez l'habitant.

Parfois aussi un échange avec ces marins d'eau douce, un apéro à bord et "encore un dernier pour la route"...mais faut pas tomber dans le canal, le chemin est parfois étroit.

Jeudi 13 juin, je suis à Aigues-Mortes, en longeant les plages (...avec baignade) par Frontignan-plage, Palavas-les-Flots, Carnon, La Grande Motte, Le Grau du Roi...Je regrette déjà la nature sauvage des canaux. Toutes ces villes balnéaires sont reliées par voies cyclables au plus près du littoral, c'est facile en vélo...si le vent n'est pas dans le nez!

Changement de paysage, j'arrive en pleine Camargue que je traverse par le chemin digue de 'étang du Vaccarès.

De Salin de Giraud (un phalanstère?) je remonte vers Salon de Provence. C'est la portion la moins intéressante, pas moyen d'éviter les zone Fos sur mer et Istres...Je finis même par me retrouver "à l'insu de mon plein grès" sur une voie express avec un muret de béton latéral et central ...comment s'échapper ? J'y arrive avant d'être repéré.

A Salon, bel hôtel au coeur de la cité dans une ancienne bâtisse de caractère, fraicheur et calme. Un copain de Bordeaux, Philippe, me rejoint et mes amis du Lubéron, à Mérindol, Jacques et Betty, nous invitent pour partager de bons moments de bonne chère, bon vin, et plongeons dans leur piscine. On devrait avoir des amis à chaque étape !!!

Avant de partir puisque je suis en forme et que Philippe veut se teester on fait une boucle d'une journée dans les Alpilles aux Baux de Provence et une autre journée un aller-retour à Aix en provence.

Le mardi 18 juin, c'est l'appel du retour, après un petit tour de pédales à Fontaine du Vaucluse, retour en voiture vers Bordeaux.

 

Intendance : budget moyen 70€ par jour, pic-nic debout le midi pour détendre les jambes, pause-café en terrasse et si je trouve une adresse intéressante dans ma doc je réserve la nuit. J'ai tout essayé, couvent, chambre d'hôte, hotel. Le soir je fais un repas qui recharche bien.

 

Ma doc : "voies vertes canaux" OT Bordeaux; "voies vertes et chemins"OT Toulouse; vélo-guide "de Menthon à Béziers, éd Ouest-Fr. cartes IGN au 1/100000 

 

1000km en 11jours de vélo et un week-end de repos

 

 

C'est reparti ! Je suis arrivé à Zadar hier, j'ai retrouvé ma bicyclette qui m'attendait sagement exactement où je l'avais laissée. Brave bicyclette qui attendait son maître !!! Mercredi 27, départ style "pédale douce", ce qui signifie "sans se presser". P'tit dèj sur le port antique pour profiter une dernière fois de cette cité romano-byzantine. Quelques km, et à Preko je prends le ferry pour l'île de Ugljan puis l'île de Pasman. Plaisir de rouler sur une étroite route sans quasiment de voitures, la mer à gauche, les potagers et quelques maisons à droite. Re-ferry pour Biograd, cité touristique avec un certain cachet. Je continue jusqu'à une crique, Drage où je trouve une soba pour une bonne nuit. Donc, laku noc !

Petite étape de mise en jambe, 51 km.    

 

Jeudi 28 : En passant par Vodica puis une route côtière calme avec panorama sur les îles Kornati, j'arrive à midi à Sibenik. Superbe cité, un dédale de ruelles fraîches, des églises et la cathédrale St Jacques de style gothiquo-renaissance et une forteresse du XVI qui domine la cité. Je flâne et puisque les mollets sont encore chauds je pars pour le parc national de Krka (se prononce kerka). Oui mais ça monte, mais pas déçu l'effort en valait la peine. Une série de cascades dans la verdure.

Ça me rappelle une navigation, il y a quelques années, autour des Kornati et aussi une remontée de l'estuaire de la Krka.

Étape du matin de 51km et avec le supplément de l'après-midi mon compteur affiche 130km.

... Et la météo me direz-vous? Frais le matin et le soir, chaud mais pas trop au milieu, sec et vent de travers.

... Et la mer aussi? pas très chaude.

 

Vendredi 29 : Je quitte la côte pour rejoindre Trogir en passant par la montagne, c'est plus court et le littoral est une succession de montées et descentes... Mais les montées sont lentes et les descentes rapides, au final je passe mon temps à grimper !!! 

Trogir est (aussi) une superbe cité. Je prends le temps de la visite.  Musée dans un couvent, cathédrale dont le tympan est remarquable avec deux lions en témoignage de plusieurs siècles de domination vénitienne  ... Jusqu'à l'arrivée de Napoléon. Tout le bâti de la cité est ancien quadrillé par d'étroites venelles.

De Trogir je longe les plages pour rejoindre Split. Quelques km avant l'arrivée c'est ma première crevaison depuis Bordeaux. Je suis entouré de bénévoles et c'est l'occasion de partager un café. C'est une constante depuis que je suis en Croatie, l'accueil est chaleureux. 

Belle soirée à Split dans le palais de Dioclétien 

J'en suis à 208 km

 

 

Samedi 30 : Ça commençait bien par un p'tit déj sur l'esplanade face à la muraille du palais. Je longe la côte, et je monte des côtes en permanence!! Mais fatigue ou inattention je fais une belle chute dans une descente (c'est aussi une première depuis Bordeaux), mais rien de grave, le vélo n'a presque rien et moi je me relève. Une bonne sieste pour me remettre et je repars, rejoint par un groupe de cyclistes grecs avec lesquels je fais un bout de route. 

Étape à Zivogosce, ne cherchez pas c'est un petit village de pêcheurs. maintenant que je descends vers le sud, la mer me semble à une bonne température. Mais au retour du bain, nouvelle crevaison...deux en deux jours !

Moi aussi je suis crevé, j'ai besoin de repos.

Étape de 100km exactement. J'en suis à 308 au compteur.

 

 

 Dimanche 31 mai : Septième jour de la création, Dieu se reposa....pas moi !!

Je quitte à regret ce petit village de pêcheurs où je m'étais presque fait des amis, le patron du resto parlait bien français et les gens qui m'ont loué l'appartement étaient aux petits soins.

Je suis sur la route 8 depuis Zadar,  avec quelques détours quand-même. Je crois quitter quelques heures le relief en arrivant sur une grande plaine, la première depuis mon départ, mais la route passe à flanc de montagne....le cantonnier croate est vicieux !

Je traverse la Bosnie-Herzégovine, enfin seulement la façade maritime qui fait 10km et coupe la Croatie en deux.

Étape du soir à Ston. Bourg construit en damier à la façon de nos bastides, entouré de murailles, les plus longues d'Europe (...il fallait bien un peu de superlatif). Ici les gens, pas gênés, la surnomme la "muraille de Chine dalmate". 

Excellente la viande grillée (voir la photo)

404 km...et c'est pas fini !

 

 

Lundi 1er juin : Grosse chaleur, je fatigue. J'arrive (... quand-même) à Dubrovnik vers 14h, le temps de vite trouver une soba dans une superbe bâtisse cossue à une entrée des remparts de la cité et je fais une longue sieste réparatrice. La découverte de cette "perle de l'Adriatique" se fait à la bonne température de fin d'après-midi. Les remparts furent édifiés au XII siècle pour protéger cette cité qui s'appelait Raguse. Cette petite république prospéra tant que au XI siècle elle rivalisait avec Venise et Florence.

Mais dans les années 91, elle faisait la une du JT. La ville classée au patrimoine mondial était bombardée.

J'ai révisé pour vous servir un concentré d'histoire :

Le royaume Croate (X siècle) est dominé par Venise (XIII siècle) puis les Ottomans (xv siècle) et les Habsbourg (XVI siècle), et enfin par Napoléon. Mais ça dure pas pour Napoléon, les Habsbourg règnent à nouveau sur les Slaves. Et voilà qu'un nationaliste Serbe assassine le prince François-Ferdinand à Sarajevo en 1914. Par un enchaînement de jeux d'alliances ce sera le point de départ de la première guerre mondiale. En 1918, instauration du royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui devient en 1929 le royaume de Yougoslavie. En 1934 le roi de Yougoslavie est assassiné à Marseille....décidément !

En 1941,défaite yougoslave face aux forces de l'axe, la résistance s'organise avec Tito (déjà) à la tête du PCY. En 1945, proclamation de la République Populaire Fédérale Yougoslave. Rupture avec Staline et politique de non alignement. 1980, mort de Tito. Et ça commence à craquer, rejet de la langue serbo-croate par les nationalistes Croates, révolte au Kosovo dominé par la minorité Serbe, inflation à 2500% en 89. En 91, les Croates et Slovènes déclarent leur indépendance. Les Serbes soutenus par l'armée yougoslave attaquent les Croates. En 92,indépendance de la Bosnie par référendum boycotté par les Serbes, c'est le début des attaques contre Sarajevo. A Mostar (le pont) musulmans et Croates s'affrontent.

En nov 95, accords de Dayton mettent fin au conflit des Balkans.  

Mardi 2 juin : par une tranquille route de corniche, avec des points de vue fabuleux tous les 10 m, j'arrive au Monténégro. La baie de Kotor (en fait un ensemble de sept baies fermées par un détroit) est un paradis pour cyclistes. Une petite route fait le tour de ces baies, sans se fatiguer, en profitant du paysage grandiose. Une mer fermée entourée de hautes montagnes (1895m), de beaux villages tout autour et au fonds de ce "fjord" Kotor, cité médiévale. 

Je dois en être à 520km.

 

 

 Mercredi 3 juin (....déjà !)

À Kotor j'y suis encore !!!!

 C'est l'endroit idéal pour faire une pause. En plus ça peut être luxueux à un prix incroyable, chambre sur mer au "old mariner palace" au prix d'un F1. C'est aussi un aspect du voyage, pas besoin d'un gros budget, les hôtels où chambres d'hôtes et les restaurants sont très, très abordables,  que ce soit en Croatie ou au Monténégro. Par exemple j'ai réglé 100 kuna (13€) pour une chambre tout confort en Croatie. En plus je suis économique sur le carburant : 4 litres d'eau et une pinte de bière aux 100km. Et en prime la qualité de l'accueil !!

Aujourd'hui bains dans une mer déjà tiède, visite de la cité fortifiée de Kotor, là aussi une "muraille de Chine". Et pour ne pas faiblir, j'ai grimpé les centaines de marches qui mènent au fort St Ivan (St Jean).... Et je n'ai pas résisté à faire une marche de 10km autour de la baie.

Kotor qui était un port important à son apogée, n'a pas la richesse de Dubrovnik, ni même de Sibenik, mais autre chose qui tient du mystère du fait de la situation enclavée.

Demain je quitterai cette baie avec nostalgie. 

 

 

 Jeudi 4 juin :  J'ai traversé le Monténégro en prenant quand-même le temps de visiter Budva, ancienne cité fortifiée en bord de mer. En fait toutes ces villes médiévales ont en commun ces rues étroites où il fait frais, ces pavés luisants, ces églises et monastères orthodoxe.

J'ai profité une dernière fois de la plage et j'ai quitté l'Adriatique dont j'ai fait tous les contours depuis Venise. En coupant par la montagne (.... Maintenant que je suis bien entraîné!!!) je suis arrivé en Albanie. Depuis le sud du Monténégro et bien-sur en Albanie les clochers sont remplacés par les minarets qui pointent dans la verdure des montagnes comme des crayons. En Albanie changement de décor, les déchets jonchent le bord de la route, la sécurité ne semble pas évidente...le douanier m'a averti, il y a des "wilde people" et "ne pas rouler la nuit"....Ça ne risque pas, je me crève assez le jour !!!

Je suis à Skadar (Shkodër),à un jour de vélo de Tirana, mais je crois que je vais arrêter là cette quatrième étape. J'ai trouvé un hôtel qui accepte de garder mon vélo et demain je devrais avoir un vol sur Bruxelles.

Depuis Zadar j'ai parcouru 696km.

 

Je confirme, je me suis arrêté là. Je vais réétudier mon passage de l'Albanie. Nouveau départ prévu seconde quinzaine de septembre....Il y aurait un ou des volontaires pour m'accompagner ????

 

                                              

 

Epilogue :

 

Vélo vintage à Saumur les 13 et 14 juin 2015

"Tranquille Emile"

 Cinquième étape 

 

Du 29 septembre au 15 octobre 2015

 

Le 27, arrivée à Podgorica, la capitale du Monténégro. Assez décevant, la ville à été détruite lors de la deuxième guerre mondiale, et rebâtie en moderne à la mode soviétique. Le 28 liaison en bus et arrivée à Shkodër (Albanie) où je m'étais arrêté en juin. J'ai retrouvé ma bicyclette à l'hôtel où je l'avais laissée, un merci pour leur accueil très sympa.

 

Mardi 29 : gonflage à bloc des pneus, dopage aux antibiotiques et c'est "on the road again", version bike en attendant la version dodge (...coucou les francoricains de Cincinnati). J'essaie de suivre l'itinéraire prévu hors des grands axes, mais c'est un jeu de piste. Les indications sont quasi inexistantes sur ces petites routes qui deviennent parfois des chemins. Ma mauvaise impression lors de ma première incursion en Albanie s'est dissipée. Si je demande ma route, une première personne me fait sa démonstration puis une autre arrive et me dit le contraire, puis une troisième... Ils veulent rendre service, mais ça explique pourquoi je me suis pommé !! J'ai rallongé le parcours, sans regret, la ruralité est pittoresque. Je n'ai pas pu éviter un petit

tronçon d'autoroute, et pourquoi pas ? Sur la bande du côté il y a de tout, piétons, cyclistes et même charrettes à fourrage.

Fin de cette première journée à 10km de Tirana.  J'ai fait mes 100km.  repos!!

 

Mercredi 30. Je suis arrivé à Librazhd, étape que je m'étais fixée. Pour la traversée de Tirana j'avais un pilote, un cycliste autochtone. La circulation est assez anarchique entre les bus qui crachent noir et les autres, mais je me suis faufilé. Sortie de Tirana je demande ma route aux flics, leur réponse logique est de prendre l'autoroute ! Je suis un récalcitrant je fais un détour mais sur une route secondaire. Sauf à un endroit où je devais rejoindre l'autoroute pour passer sous un tunnel. Mais là. Interdiction, et ça m'obligeait à un grand détour par la montagne. Les flics ont été sympa. Ils ont fait stopper un pick-up...nous avons triché ma bicyclette et moi sur une dizaine de km. A Elbasan j'ai déjeuné en compagnie d'un prof de français, discussion intéressante sur sa vision du pays. Problèmes politiques liés à la corruption, salaire minimum à 300€, salaire d'un cadre ou prof 700€, le soviétisme n'est pas un souvenir lointain (sortie en 90) et l'idée de L'Europe est loin de faire l'unanimité....

Visite d'Elbasan qui a un coeur historique dans ses remparts Ottomans, mais ce site comme les autres n'est ni protégé, ni valorisé, des immeubles se construisent partout. Bon, je continue ma route qui nord-ouest devient montagneuse pour m'arrêter dans cette petite ville de Librazhd.

Distance parcourue, 66km....et c'est bien assez !!!

Jeudi 1er octobre. J'attaque un col pour passer du côté de la Macédoine. Journée de montée, parfois j'ai l'impression que mes pneus collent à la route. Mais vu d'en haut c'est beau..bon, je redescend vers le lac d'Orhid après avoir passé la frontière.

Je garderai une bonne impression de l'hospitalité albanaise, en revanche l'intérêt architectural m'a semblé limité. C'est vrai aussi qu'en vélo on fait difficilement un détour de plusieurs km pour visiter un monastère dans la montagne ! Merci aux 800 loups et 400 ours recensés dans la montagne albanaise de m'avoir dédaigné...mais c'est pas fini. Je reste dans les Balkans.

Étape à Struga au bord de ce superbe lac de montagne (30km de long et 300m de profondeur. Il serait le lac le plus profond d'Europe) encadré par la muraille des montagnes. Ça promet pour demain !! Struga est une belle ville, vivante, joyeuse.

Mon parcours se réduit de jour en jour, je n'ai que 56 km au compteur.

 

 Vendredi 2 octobre. Matinée tranquille (..Émile) sur la route du lac de Struga à Orhid. Frisquet le matin. Orhid vaut le détour avec ses églises orthodoxe XIII siècle, des fresques bien conservées, sa forteresse, et le vieux quartier Ottoman au bord du lac. Je roule vraiment l'après-midi pour faire mes 30km de montée...la récompense sera une sacrée descente vers ma ville étape, Resen. En toute modestie, cette montée m'a paru facile parce que le dénivelé était constant. Ce qui me casse, ce sont les raidillons.... Étonnant non !? Je fais étape dans cette ville de 16000 hbts mais un seul hôtel. Après je ne suis pas sur de trouver un hébergement et la nuit tombe vite en montagne...et j'ai peur des loups (et des loubards). Resen est une ville rurale, le soir les tracteurs sont partout pour rentrer les cargaisons de pommes, spécialité de ce haut plateau. Château sur le modèle de Chenonceau, ce genre de château est une rareté dans ces régions.

Allez, encore 66km ajoutés au compteur.

 

Samedi 3 oct. J'ai avalé la Macédoine en 2 jours, ce soir je dors en Grèce à Florina. Avant la frontière, une grande ville, la 3ème du pays, Bitola, vaut la visite. Église orthodoxe avec un iconostase remarquable par sa dimension et sa qualité, ruines antiques de Héréclia. Étant en tenue de cycliste pour visiter une église, un pope m'a prié de mettre un grand tissus noir autour des hanches pour que la charge érotique de mes mollets ne trouble pas ce lieu !! Passage de frontière puis étape à Florina ville moderne, très animée, on est samedi soir.

73km

 

 Dimanche 4 oct. L'église orthodoxe carillonne, la messe est chantée par un choeur viril, voix graves, que c'est beau. Je poursuis mon chemin, ce sera une journée de grandes descentes. Je vais vers le littoral et m'arrête à Edessa. Cette ville est traversée par moultes ruisseaux qui se rejoignent pour former une cascade assez spectaculaire.

78km.

 

Lundi 5 oct. Je poursuis vers Thessalonique. Capitale de la Macédoine hellénique, la deuxième ville la plus importante de Grèce. En fait je suis toujours en Macédoine, la grande Macédoine antique, les grecs et ceux de la République de Macédoine, les slaves, veulent chacun l'exclusivité du terme "Macédoine". Paysage de plaine, des plantations de pommiers puis des champs de coton, et parfois des vestiges antiques (tombeaux macédoniens en forme de tumulus). 2 crevaisons, la première je répare, la seconde en arrivant à Thessalonique, devant un hôtel, je réparerai demain. Je traverse une grande zone économique avant la ville, beaucoup d'entreprises à l'abandon, le ralentissement économique montre son visage.

L'hôtel est moyen, beaucoup de mouvement, mais un pneu à plat et moi aussi après une journée de 95km...Ça justifie le choix.o_O

 

Mardi 6 oct. Je flâne dans cette grande ville, somptueuse avec ces immeubles de la place Aristote d'influence orientale. Mais là, la crise économique ne se ressent pas plus qu'ailleurs, la rue est trépidante, les terrasses font le plein. Je quitte cette belle ville par les quais, pour bien profiter de ces flots bleus que j'avais quittés en Croatie. Il fait un temps superbe, le grec se dore au soleil. Route a nouveau dans la montagne vers la Thrace. Je ne mériterai pas le mont Olympe, plus au sud, et quand-même presque 3000m. Dans cette région qui n'est pas sur les circuits all inclusive pour touristes, il n'y a pas d'hôtel. Je me déroute vers Polygyros, sans intérêt, j'arrive de nuit.

76km en ayant quitté Thessalonique vers 15h...pas mal, non ?

 

Mercredi 7 oct. J'ai été attaqué par des petites bêtes voraces. L'hôpital étant près de l'hôtel, je consulte. Pommade et cortisone pour ne pas se gratter en pédalant !! Ces insectes m'ont excité, je fais 69km en 4h15. J'arrive avec la première pluie à Asprovalta, sur la côte, gaie comme une cité balnéaire en fin de saison un jour de pluie. Hôtel très confortable, j'en profite pour faire une pause.

Donc. 69km à ajouter.

 

Jeudi 8 oct. J'attends que la pluie cesse pour repartir, et ce sera vers 11h. Je longe la côte en permanence, le bleu du ciel et de la mer sont passés au gris. Le vent s'est levé, il vient du nord, c'est le meltem qui souffle et je l'ai de face. Haltes pour voir le lion d'Amphipolis et une tour byzantine. 

Je croise un couple de cyclotouristes, elle vietnamienne, lui écossais, ils sont partis du Vietnam pour aller à la conférence sur le climat à Paris en novembre. Un parcours de 12000km en vélo. Et j'ai l'air de quoi, moi, maintenant ?!!!! Leur blog : Bike4afuture.com

Je pose mes sacoches à Peramos, jolie baie défendue par un fort byzantin assez bien conservé.

Bel hôtel, bon restaurant, la moussaka était excellente, merci.

+ 76km.

 

Vendredi 9 oct. Je repars sous un ciel menaçant, mais les dieux de l'Olympe m'épargnent, je roule sous un ciel gris sans pluie. Je fais une longue escale à Kavala, ancienne Néapolis, cité fortifiée sur un éperon rocheux et port de la mer Égée. Vestiges de la forteresse, aqueduc édifié au XVI siècle par Soliman le Magnifique, labyrinthe de ruelles...et je repars. Pour arriver dans une région lagunaire, où je fais de l'observation ornithologique: flamands, pélicans, aigrettes, hérons...et petit-patapon. Bon, il est temps que je m'arrête, ce sera à Porto-Lagos.

J'ai fait mes 108km 

 

Samedi 10 oct. Je roule entre mer et lagune, observe de nombreuses migrations...il n'y a pas que moi !!! Je suis vite stoppé par un monastère sur une île, le monastère St Nikolaos. C'est un lieu de quiétude et je m'y repose. Ensuite je rejoins la côte à Fanari pour avancer sur une grande plaine lagunaire où est cultivé le coton. C'est la saison de la moisson du coton, il y a en a partout. Sur la route, sur les haies. J'arrive sur une montagne, la route fait un grand détour pour la contourner ou un chemin coupe en surplombant la mer. Dilemme ! Au restaurant, c'est le grand sujet, 5 grecs pour la route contre 5 grecs pour le sentier. J'aime l'aventure, je me décide pour le sentier. Un vrai labyrinthe mais sans Minotaure. Après avoir fait des détours et des retours sur des chemins caillouteux ou carrément défoncés, je passe. Mais quel plaisir de découvrir des vestiges antiques à peine signalés, tels les fondements d'un temple à Dyonisos, un théâtre bien conservé, des restes de muraille de ce qui était une cité antique, dans la garrigue, parmi les chèvres. Seul, de tout l'après-midi je n'ai croisé qu'un pâtre.

J'arrive de nuit à Makri (à moins de 10km de Alexandroupoli). Heureux de trouver un grec parlant français (il a travaillé en France) qui m'a conduit à l'hôtel et m'a amené à la taverne rejoindre ses copains pour une grande discussion en greco-français.

Belle étape de 95km 

 

Dimanche 11 oct. Il pleut, il vente, impossible de repartir. Je somnole !!!

Ce sera un jour sans selle, la pluie n'a pas cessé. J'en profite pour me relire et me corriger et enfin je trouve l'astuce pour insérer des photos. Qui cherche, trouve !

Impression bizarre d'être le seul client de ce grand hôtel en bord de mer. Dans ma solitude de la salle à manger pour 300 couverts, j'imagine l'affairement, le cri des enfants...rien ne trouble le son monotone du ressac de la mer.

 

Lundi 12 oct : je repars, la météo redevient favorable. Le ciel est méditerranéen. Arrêt café-croissant à Alexandroupoli, pas grand chose à voir à part le phare sur l'avenue du bord de mer, qui n'a plus d'utilité, sauf être le symbole de cette ville. Je longe la voie Egnatia que j'ai croisée plusieurs fois depuis la Macédoine. Cette voie reliait la façade adriatique au Bosphore. Passage de la frontière, je suis en Turquie. Je croise à la frontière un couple de cyclotouristes franco-suisse qui arrive d'Asie et se dirige vers la conférence pour le climat...eux aussi (cf 8 oct). Mais quel courage et quel dévouement à une cause!! On prend un verre, on discute un peu, on échange nos mails et chacun repart vers son but. Je fais quelques km et je me retrouve avec un jeune couple d'anglais super sympa, nous faisons équipe toute l'après-midi jusqu'à Kesan. Ils prennent la route du nord et moi demain je me dirigerai vers Marmara. Stop à Kesan pour la nuit. L'ambiance devient orientale, musique, dolmus, thé et pâtisserie au miel et L'Atatürc toujours présent dans des vitrines ou hall d'hôtel.

Étape de 91km... Istanbul dans 2 ou 3 jours

Une crevaison double quand-même, mais à Kesan. J'ai usé la gomme !!

Mardi 13 octobre. Je n'ai pas le choix, il me faut rouler sur la bande latérale d'une nationale, parfois à deux voies, parfois à quatre voies et parfois en chantier. La vigilance est permanente, les camions ont tendance à prendre cette voie latérale comme une voie pour véhicules lents. Et comme ici c'est la loi du plus fort, je me fais discret ! Paysage de grandes plaines pas vraiment intéressant. C'est une succession de plissements, je monte et je descends. Je rejoins la mer de Marmara à Tekirdag. Je m'arrête à Marmara-Ereglisi...Le but de la journée est atteint.

129km dans la journée.

 

Mercredi 14 octobre.

Objectif atteint, je suis à Istanbul.

J'ai dû mettre mon vélo dans la soute d'un bus et finir les derniers 50km bien installé dans un fauteuil moelleux. La circulation devenait trop dense, trop dangereuse et trop polluante. En arrivant par le sud, 40 km avant Istanbul, c'est déjà de la zone urbaine.

Je prépare mon retour, avec mon vélo en soute. Je n'ai pas trouvé de solution de gardiennage ici. 

Aujourd'hui c'était mes derniers km en vélo...pour cette étape. 50km.

En 14 jours j'ai fait 1228km.

 

J'ai passé la soirée avec un cyclotouriste qui vient de Tour et qui fait un grand tour de l'Europe. 

Jeudi 15.  Je sillonne Istanbul, fascinante, fourmilière humaine, au croisement des cultures occidentales et orientales. Mais l'orient domine par sa religion, ses coutumes, ses parfums... Istanbul, un pont sur le Bosphore qui relie l'Europe à l'Asie.